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Strategie de la reprise /Thibaut de Ruyter/
Extrait
Publié dans Werther Effect, catalogue monographique, Edition Dilecta, 2012
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English below


Elodie Lesourd peint des reprises. Elle choisit, dans des publications d’art contemporain, des vues d’exposition où des artistes ont joué et utilisé les divers objets et codes esthétiques de la culture rock. Une fois l’image trouvée,  dans un livre ou un magazine, l’artiste demande au créateur de l’œuvre d’origine s’il accepte de se plier au jeu (ce que peu d’artistes utilisant les images des autres font) puis elle se lance dans un patient travail de peinture au plus proche de l’original. Elle a inventé le terme d’hyperrockalisme pour qualifier cette partie de son travail : la reproduction picturale exacte de vues d’exposition où l’objet principal de l’image sera représenté grandeur nature. Ainsi, les fûts de la batterie qui se situe au premier plan retrouvent leur taille d’origine, le bel ampli Marshall noir avec son logo si joliment rétro occupe une grande partie de la peinture sur bois tandis que le vernis des guitares sagement alignées brille sous les projecteurs. (…) Elodie Lesourd hante ces pages comme un historien nécrophage à la recherche de chair fraîche. Elle ramasse les restes visuels, les documents d’un temps révolu, mais qui est amené à supplanter l’œuvre originale et son expérience même. Elle fait ensuite entrer, par l’acte de peinture, la documentation dans l’Histoire tout en amplifiant la valeur esthétique d’images qui, même si elles sont belles, ne sont que des archives visuelles, des traces. Ce ne sont, après tout, que des vues d’exposition réalisées par un tiers, un photographe professionnel payé pour cela. Et par ce jeu d’appropriation, Elodie Lesourd fabrique peu à peu, à chacune de ses propres expositions, une autre histoire de l’art. Une collection qu’elle ne pourrait acquérir mais qui, au final, n’appartient qu’à elle. (…). Et tout cela résume la posture d’Elodie Lesourd : elle ne triche pas, elle agrandit sans « sur-produire », elle ne pervertit en rien l’esprit d’origine et ne transforme pas la mélodie. Elle interprète.



                                                                                   





The Cover Version As Strategy /Thibaut de Ruyter/
Excerpt
Published in Werther Effect, monographic catalogue, Dilecta Edition, 2012
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Elodie Lesourd paints cover versions. She browses through contemporary art catalogues or magazines and selects views of exhibitions in which artists have used or subverted objects and ciphers from the realm of rock music. Once she has chosen an image, she asks the author of the original piece for their per- mission to use it as the basis for her own work (some- thing few artists referencing their colleagues’ works actually do) before she takes on the long and patient task of recreating it as accurately as possible in a painting. To qualify this aspect of her practice, the artist has coined the term ‘hyperrockalism’, which describes the detailed painterly reproduction of exhibition views in which the main subject of the image is blown up to life size. (…) Lesourd scavenges through heir pages like a necrophagous historian looking for fresh meat. She collects visual remains, documents of a bygone era that will eventually replace the original work and first-hand experiences of it in the public conscience. Through the act of painting, she translates this documentation into history at large, while simulta- neously enhancing the aesthetic impact of images which, while beautiful, are nothing more than visual archives or traces. After all, they are merely exhibition pictures taken by a third party, a paid professional photographer. With each appropriation, Lesourd’s own exhibitions construct a different history of art—a kind of ideal collection which the artist could never afford, but which ultimately only belongs to her. (…) This, then, encapsulates the essence of Lesourd’s practice:
she never cheats, but enhances certain aspects without ‘overdoing it’. She never perverts the essence of the original and never changes the melody.
She simply interprets.