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Frozen in Time* /Julien Blanpied/
Extrait
Publié dans Obituary, catalogue monographique, Edition Mac/Val, 2007
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English below


« Appelons herméneutique l’ensemble des connaissances (…) qui permettent de faire parler les signes et de découvrir leur sens » Michel Foucault

Élodie Lesourd joue avec l’herméneutique rock. Elle manipule, tout en les dévoilant, le système et les mécanismes (parfois hermétiques) qui régissent la musique rock en général, underground en particulier. Elle procède de deux façons distinctes : face A, ses peintures dites « hyperrockalistes », qui ont pour principe la transposition en peinture d’installations d’artistes empreints de culture « rock » ; face B, à l’approche moins directe, une interprétation néo-conceptuelle des codes et modes afférents à cette « culture ».
Dans son exposition pour le MAC/VAL, conçue comme un triptyque obituaire, Élodie Lesourd décline sa version du commerce de la mort, à travers l’inénarrable mort du rock, la non moins récurrente mort de la peinture et celle, toute symbolique, de l’auteur, convoquant Roland Barthes, The Clash (ou Kurt Cobain) et Claude Lévêque (ou Christoph Büchel) dans le même hôtel de passe.
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Dans sa peinture pseudo-minimaliste Implicit Content, Élodie Lesourd détourne à la manière d’un Daniel Pflumm ou d’un Francis Baudevin engagé dans la sphère rock alternatif le logo « Parental Advisory Explicit Content »2, devenu une abstraction. La composition lettriste « obscène » (des shit dans la partie monochrome noire, des fuck dans la partie monochrome blanche), accompagnée d’une bande-son où elle a compilé tous les fuck qu’elle a trouvés dans sa discographie, répond à une disparition (censure)… par une disparition (effacement), évoquant, dans son recouvrement systématique et obsessionnel, Roman Opalka.
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« La naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’auteur ». C’est désormais le langage qui parle, « le texte est un tissu de citations, issues des mille foyers de la culture », « l’écrivain ne peut qu’imiter un geste toujours antérieur, jamais originel »3. Le diptyque Lambie/Bijl, tout comme Bowie/Bauhaus et Elvis Presley/The Clash, autres travaux picturaux d’Élodie Lesourd, éclaircit cette ambition. Marc Bijl et Jim Lambie se retrouvent dans une étonnante communauté formelle et culturelle.
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Pour Bowie/Bauhaus, tout commence avec Ziggy Stardust, chanson écrite par David Bowie en 1972, l’histoire d’un double martien polysexuel. Le groupe Bauhaus (dont le nom a pour référent l’école du Bauhaus) en fait une reprise. Élodie Lesourd superpose les deux versions. Double histoire de double. Tout était donc (déjà) là. Un travail de post-production, en somme.


* Titre du dernier album du groupe de death metal Obituary, précurseur du genre.
[2] Autocollant à triple bandes alternées noires et blanches, sur un cd, mentionnant un contenu jugé outrageant. Aujourd’hui, directement imprimé sur la pochette.
[3] Roland Barthes, « La mort de l’auteur », in Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, « Points Essais », 1993.



elodie lesourd bowie bauhaus
Bowie/Bauhaus, 2004, acrylique, wall painting, 100x100 cm
© Elodie Lesourd

                                                                                    /





Frozen in Time* /Julien Blanpied/

Excerpt
Published in Obituary, monographic catalogue, Mac/Val  Edition, 2007
More info here, full version + interview here


‘Let us call the totality of the learning and skills that enable one to make signs speak and to discover their meaning, hermeneutics’ Michel Foucault

Élodie Lesourd plays with rock hermeneutics, and in so doing she reveals the system and (sometimes obscure) mechanisms that govern rock music generally, and underground music in particular. She proceeds in two distinct ways: side A, her so-called ‘hyperrockalist’ works, in which she transposes into paint artists’ installations marked by ‘rock’ culture; side B, less accessible, a neo-conceptual interpretation of the codes and modes related to this ‘culture’.
In her exhibition for the MAC/VAL, conceived like an obituary triptych, Élodie Lesourd offers her version of the commerce of death, through the hilarious death of rock, the no less recurrent death of painting and that, quite symbolic, of the author, bringing Roland Barthes, The Clash (or Kurt Cobain) and Claude Lévêque (or Christoph Büchel) to the same altar.

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In her pseudo-minimalist painting Implicit Content, in the manner of a Daniel Pflumm or a Francis Baudevin engaged with the alternative rock sphere, Élodie Lesourd twists the ‘Parental Advisory Explicit Content’ logo, now abstract. The ‘obscene’ lettrist composition (shits in the black monochrome part, fucks in the white monochrome part), accompanied by a soundtrack where she has compiled all the fucks she could find in her record collection, answers a disappearance (censorship) with a disappearance (erasing), a systematic and obsessive covering reminiscent of Roman Opalka.
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‘The birth of the reader must be at the cost of the death of the Author.’ From now on it is language that is talking. ‘The text is a tissue of quotations, drawn from the innumerable centres of culture.’ ‘The writer can only imitate a gesture that is always anterior, never original.’2 Élodie Lesourd’s Lambie/ Bijl diptych, like her Bowie/Bauhaus and Elvis Presley/The Clash, highlights this. Surprisingly, Marc Bijl and Jim Lambie share many formal and cultural affinities.
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For Bowie/Bauhaus, it all started with Ziggy Stardust, a song written by David Bowie in 1972, the story of his polysexual Martian double. The Bauhaus group (which took its name from the Bauhaus school) makes a cover. Élodie Lesourd superposes the two versions. A double story of a double. So everything was (already) there – in short, this is a post-production work.



* Title of an album by Death Metal band Obituary. 
[2] Roland Barthes, « La mort de l’auteur », in Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, « Points Essais », 1993.