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Elodie on the fence /Olivier Blanckart/
Texte écrit à l'occasion de l'exposition Bijoux de Famille, CAN, Neuchâtel, 2008



Magie noire, magie blanche, exercices spirituels, incantations....
Ce qui fait la puissance d'un rite, ce n'est pas son contenu particulier, c'est son exécution scrupuleuse en tant que rite même.
Le rite est par conséquent une élaboration complexe, un processus extra-ordinaire destiné à éliminer toute incertitude et exclure toute autre issue que celle attendue d'avance..
Le paradoxe résiderait alors en ceci que, d'un processus aussi surdéterminé on puisse attendre, sinon un miracle, du moins une révélation métaphysique.
Dans un monde aux Lumières aussi vacillantes qu'une flamme olympique galvaudée, l'Univers Infini d'Alexandre Koyré semble en passe de se clore à nouveau.
La chose certes n'est pas nouvelle. Mais tandis que le monde s'en émeut, l'artiste s'en moque. Proches ou lointains, les limites, les horizons, les clôtures, toujours, furent les points ou il se situe. C'est ainsi que les artistes semblent s'approcher ou s'éloigner de nous : ils bougent à mesure que bouge la limite apparente du monde. En réalité eux n'ont pas bougé d'un pouce. Ils sont là, enfants légitimes de personne sinon de nos fantasmes mal assumés.
Regardons Elodie Lesourd. Je ne comprends rien de ce qu'elle fait. Je ne comprends rien au Black Metal, ce Pokemon sonore dont elle seule connaît les cartes et leur valeur. Je n'entends rien non plus à la peinture cette chose si densément opaque.
Et pourtant l'oeuvre d'Elodie Lesourd me rassure sur un avenir possible de l'art comme résistance héroïque, autrement dit sur la possibilité d'être résolument ailleurs tout en semblant résider dans des territoires majoritaires (le rock mondial) muni d'une arme consensuelle, (la peinture, figurative et parfaitement exécutée de surcroît).
Et ce disant je repense à ces vers du Boewulf (677-687) :
"Je ne m'estime pas de moindre vigueur quand il s'agit de se battre que ne s'estime Grendel. Ce n'est point par l'épée que je veux le plonger dans la mort, lui ôter la vie cela me serait facile. Il ignore tout de ces nobles pratiques –rendre les coups briser le bouclier– encore qu'il soit très fort à tout détruire. Tous les deux cette nuit nous nous passerons d'épée, s'il ose venir se battre, sans arme. Ensuite Dieu en sa sagesse, le Seigneur saint attribuera à l'un ou à l'autre la gloire selon son jugement".