Le travail de peinture d’Elodie Lesourd est le
résultat d’un long processus : conceptuel, pictural, musical et
philosophique. À l’origine, l’installation d’un autre artiste contemporain est
exposée. Une photographie de l’œuvre est prise pour témoigner de son
exposition.
Ici, pas question d’un appropriationnisme brutal, bien au contraire, Elodie Lesourd demande une autorisation de répétition à l’artiste. Comme dans la pratique de Sturtevant, la figure de l’auteur est respectée et mentionnée. La répétition de l’œuvre engendre une différence, un renouveau. La transposition peinte de la photographie génère non seulement un nouveau statut puisque l’œuvre peinte est une nouvelle œuvre (originale et autonome), mais aussi une pérennité de l’œuvre originelle qui a totalement disparu.
Elodie Lesourd s’intéresse spécifiquement
à ces images qui attestent à la fois d’une monstration unique et éphémère de
l’œuvre, et de sa disparition avec la fin de l’exposition. Les images
sélectionnées sont les fruits d’une recherche ardue. Depuis 2004, elle s’impose
un cadre et des règles : l’image de l’œuvre répétée doit comporter une
référence à la musique (une exclusivité est donnée au rock) et doit avoir un
potentiel pictural fort. En ce sens, elle développe un concept inédit,
l’hyperrockalisme. Un concept qui lui permet de fouiller l’histoire de l’art
pour y déceler les saisissements plastiques de la musique ainsi que pour
remttre en cause les concepts d’auteur et d’oeeuvre d’art. A l’éphémérité de
l’œuvre originelle, elle répond par la peinture en s’imposant un protocole
strict : l’œuvre originelle est rejouée à échelle 1, aucun recadrage n’est
effectué, aucune décision subjective quant à la palette chromatique et à la
lumière. « Je ne me considère pas comme peintre, je suis une
artiste-plasticienne qui utilise la peinture ». Elodie Lesourd peint sur
des plaques de médium (un support accessible et autoritaire), sans aucun outil
mécanique. La traduction de l’image est précise, impeccable et laborieuse. Elle
réclame un savoir-faire et un engagement total de la part de l’artiste.

Vue de l'exposition "Avec ou sans peinture", Mac/Val, Vitry, 2015, photo © André Morin
de g. à d. Χάοσ γένέτο, 2011, When I Look In The Mirror, I feel Dead, 2012, collection Mac/Val
Ici, pas question d’un appropriationnisme brutal, bien au contraire, Elodie Lesourd demande une autorisation de répétition à l’artiste. Comme dans la pratique de Sturtevant, la figure de l’auteur est respectée et mentionnée. La répétition de l’œuvre engendre une différence, un renouveau. La transposition peinte de la photographie génère non seulement un nouveau statut puisque l’œuvre peinte est une nouvelle œuvre (originale et autonome), mais aussi une pérennité de l’œuvre originelle qui a totalement disparu.
Χάοσ γένέτο (« Chaos geneto » en grec moderne) est la reprise d’une
photographie de Be my Baby (2004) une installation de l’artiste grec
Dimitris Foutris. L’image ne présente pas l’œuvre dans son ensemble, mais un
fragment. A Athènes, une guitare électrique est fracassée contre un mur. La
violence des impacts est gravée dans les murs de la salle d’exposition. Cette
vision partielle de l’œuvre originale, sa partition, interpelle Elodie
Lesourd qui va la transformer en une œuvre nouvelle. Pour qui n’est pas expert,
l’œuvre de Foutris y est méconnaissable, la composition relève de
l’abstraction. Les indices se trouvent dans le titre de l’œuvre, il nous faut
mener l’enquête pour revenir aux origines de la peinture. Χάοσ γένέτο est le
titre d’une chanson du groupe de black métal grec Rotting Christ. La peinture,
réalisée en 2011, s’inscrit dans un contexte socio-économique violent en Grèce,
la genèse du chaos. Rien n’est laissé au hasard. Le moindre indice, le
moindre détail, participent au sens de l’œuvre qui convoque une lecture
plurielle et complexe.
Audio
Quelques mots de l'artiste à propos de
Χάοσ γένέτο
When I Look In The Mirror, I feel Dead
Sunbather
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Quelques mots de l'artiste à propos de
Χάοσ γένέτο
When I Look In The Mirror, I feel Dead
Sunbather